Le débat sur un potentiel nouveau jour férié supprimé en France prend de l’ampleur alors que le Sénat s’inquiète de la situation financière critique des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Cette proposition, qui s’inscrit dans la continuité de la première journée de solidarité instaurée en 2004, suscite de nombreuses interrogations quant à son efficacité et son impact sur les travailleurs français.
La crise financière des Ehpad publics en France
Les Ehpad publics français traversent actuellement une période de turbulence financière sans précédent. Le déficit cumulé atteint 800 millions d’euros, un montant alarmant qui compromet gravement la qualité des soins dispensés aux personnes âgées. Cette situation n’est pas nouvelle, mais elle s’est considérablement aggravée ces dernières années sous l’effet combiné de l’inflation et du vieillissement de la population.
Les causes de cette crise sont multiples et interconnectées. D’une part, les sous-effectifs chroniques dans ces établissements entraînent un recours accru à l’intérim, solution coûteuse qui pèse lourdement sur les budgets. D’autre part, la tarification actuelle ne reflète pas l’évolution réelle des coûts et ne permet pas de compenser l’inflation qui touche particulièrement les produits de première nécessité utilisés quotidiennement dans ces structures.
Le tableau ci-dessous illustre la situation financière préoccupante des Ehpad publics :
Indicateur | Situation actuelle | Impact |
---|---|---|
Déficit cumulé | 800 millions d’euros | Fonctionnement dégradé |
Taux d’inflation | Supérieur à l’indexation des tarifs | Érosion du pouvoir d’achat des établissements |
Recours à l’intérim | En augmentation | Surcoûts importants |
Face à cette réalité inquiétante, le Sénat tire la sonnette d’alarme et analyse diverses pistes pour injecter des fonds supplémentaires dans ce secteur en difficulté.
Une seconde journée de solidarité comme solution envisagée
La proposition d’instaurer une deuxième journée de solidarité dès 2025 s’inspire directement du dispositif mis en place après la canicule meurtrière de 2003. Rappelons que cette première mesure, instaurée en 2004, consiste à faire travailler les salariés un jour supplémentaire sans rémunération additionnelle, la valeur de cette journée étant reversée au financement de l’aide aux personnes âgées et handicapées.
Ce dispositif génère actuellement environ 3 milliards d’euros par an, une somme considérable mais qui s’avère insuffisante face à l’ampleur des besoins. L’hypothèse d’une seconde journée similaire pourrait théoriquement doubler cette contribution et ainsi apporter une bouffée d’oxygène aux Ehpad en difficulté.
En pratique, si cette mesure venait à être adoptée, les salariés français devraient renoncer à :
- Un jour férié supplémentaire
- Un jour de RTT
- Un jour de congé payé
- Une autre forme de compensation à définir avec l’employeur
Cette proposition soulève néanmoins d’importantes questions sur l’équité de la contribution demandée aux travailleurs et sur la pérennité d’un tel système face aux défis structurels du financement de la dépendance.
Les critiques et alternatives au jour férié supprimé
La sénatrice Anne Souyris figure parmi les voix critiques qui s’élèvent contre cette solution jugée simpliste. Selon elle, supprimer un jour férié supplémentaire ne constitue qu’un pansement sur une jambe de bois et ne répond pas aux problèmes fondamentaux du secteur.
Plusieurs alternatives plus structurelles sont avancées par les experts et parlementaires :
- Une meilleure indexation des tarifs des Ehpad sur l’inflation réelle
- Une réforme en profondeur du modèle économique des établissements publics
- Un renforcement de l’attractivité des métiers du grand âge pour réduire le recours à l’intérim
- Une contribution plus importante de la solidarité nationale via l’impôt
Ces propositions alternatives soulignent la nécessité d’une approche globale du financement de la dépendance, plutôt qu’une mesure ponctuelle qui risque de générer du mécontentement sans résoudre durablement la crise.