Depuis janvier 2025, la Hongrie instaure une mesure fiscale révolutionnaire pour les parents de deux enfants. Cette initiative s’inscrit dans la politique démographique ambitieuse du gouvernement de Viktor Orbán face au déclin de la population hongroise. Autrefois réservée aux mères de quatre enfants, cette exonération fiscale à vie représente un tournant majeur dans la stratégie nataliste du pays.
Une réforme fiscale sans précédent pour les familles hongroises
Le Parlement hongrois vient d’adopter une loi étendant l’exonération fiscale à vie aux parents ayant au moins deux enfants. Cette mesure, entrée en vigueur dès janvier 2025, marque un changement radical dans la politique familiale du pays. Jusqu’à présent, seules les mères de quatre enfants et plus bénéficiaient de cet avantage considérable.
Initialement, cette exonération concernera les mères de moins de 40 ans, avant d’être progressivement étendue. D’ici 2029, toutes les femmes de plus de 60 ans ayant eu au moins deux enfants pourront également en bénéficier. Cette approche graduelle permet au gouvernement hongrois de gérer l’impact budgétaire tout en maximisant les effets sur la démographie.
Le calendrier de déploiement a été soigneusement planifié pour assurer une transition fluide :
- Janvier 2025 : Application aux mères de moins de 40 ans
- Janvier 2026 : Extension aux mères de moins de 45 ans
- Janvier 2027 : Extension aux mères de moins de 50 ans
- Janvier 2028 : Extension aux mères de moins de 55 ans
- Janvier 2029 : Extension à toutes les mères de plus de 60 ans
Cette réforme s’inscrit dans une vision économique et sociale à long terme. Le Premier ministre Viktor Orbán a déclaré que « l’avenir de la Hongrie dépend de sa capacité à inverser le déclin démographique ». Cette politique fiscale représente l’une des mesures les plus ambitieuses d’Europe en matière de soutien à la natalité.
Le défi démographique au cœur de la politique hongroise
La Hongrie fait face à un déclin démographique préoccupant depuis plusieurs décennies. La population du pays est passée de 10,7 millions d’habitants en 1980 à seulement 9,5 millions aujourd’hui. Cette baisse constante menace l’équilibre économique et social du pays à long terme.
Malgré les efforts déployés ces dernières années, les indicateurs démographiques restent alarmants. L’indice de fécondité hongrois, après avoir connu une légère amélioration à 1,61 enfant par femme en 2021, est retombé à 1,31 en mars 2025. Ce chiffre reste bien en deçà du seuil de renouvellement des générations établi à 2,1 enfants par femme.
Le tableau suivant illustre l’évolution démographique de la Hongrie :
| Année | Population (millions) | Indice de fécondité |
|---|---|---|
| 1980 | 10,7 | 1,91 |
| 2000 | 10,2 | 1,32 |
| 2021 | 9,7 | 1,61 |
| 2025 | 9,5 | 1,31 |
Face à cette situation, le gouvernement hongrois a fait du redressement démographique une priorité nationale. Viktor Orbán défend une approche favorisant les politiques natalistes plutôt que l’immigration pour maintenir l’identité culturelle du pays. Cette vision, bien que controversée dans certains cercles européens, bénéficie d’un soutien important au sein de la population hongroise.
Un arsenal de mesures pro-natalité renforcé
L’exonération fiscale pour les parents de deux enfants ne constitue que la dernière pierre d’un édifice politique pro-famille élaboré depuis plusieurs années. Le gouvernement hongrois a mis en place un ensemble cohérent de dispositifs visant à encourager la natalité.
Parmi les mesures phares déjà en vigueur, on trouve :
Les « prêts bébé » à taux réduits, pouvant atteindre 30 000 euros, sont partiellement ou totalement effacés à la naissance d’un deuxième ou troisième enfant. Ces prêts ont connu un grand succès depuis leur introduction et ont contribué à l’augmentation temporaire de la natalité en 2021.
Les aides au logement pour les familles nombreuses permettent aux parents d’acquérir plus facilement une propriété adaptée à leurs besoins. Des subventions pour l’achat de véhicules familiaux facilitent également la mobilité des grandes familles.
Le système de crèches gratuites à l’échelle nationale permet aux parents de concilier plus facilement vie professionnelle et vie familiale. Cette mesure est particulièrement appréciée par les jeunes couples et contribue à réduire les obstacles économiques à la parentalité.
Implications économiques et perspectives d’avenir
Si cette politique ambitieuse suscite l’espoir d’un renouveau démographique, elle soulève également des questions sur sa soutenabilité financière. Le coût estimé de l’extension de l’exonération fiscale s’élève à 2,3 milliards d’euros d’ici 2029, une somme considérable pour l’économie hongroise.
Des économistes s’inquiètent de l’impact sur le déficit budgétaire et l’inflation, déjà sous pression. Le gouvernement affirme d’un autre côté que l’investissement dans les familles constitue le meilleur placement pour l’avenir du pays. Selon le ministre des Finances, « les retombées positives à long terme compenseront largement les coûts initiaux ».
L’efficacité de ces mesures reste à prouver. Si l’exemple de pays comme la France ou les pays nordiques montre qu’une politique familiale généreuse peut influencer positivement la natalité, l’ampleur du défi démographique hongrois nécessitera probablement des efforts soutenus sur plusieurs décennies.
