Quel est le coefficient thermique de l’isolation chaux chanvre ?

Dans notre métier d’experts en isolation thermique écologique, nous sommes régulièrement confrontés à des questions sur les performances des matériaux naturels. Après plus de 20 ans d’expérience dans le domaine de la rénovation thermique, nous pouvons affirmer que le mélange chaux-chanvre représente une solution d’isolation particulièrement intéressante pour qui cherche à allier performance et respect de l’environnement. En 2023, ce matériau a d’ailleurs connu une croissance de 15% dans le secteur de la rénovation écologique en France. Étudions ensemble les caractéristiques thermiques qui font la réputation de cet isolant traditionnel remis au goût du jour.

Résumé

Idées principales Détails et implications
🔍 Performances thermiques Conductivité entre 0,06 et 0,13 W/m.K selon la formulation, nécessitant des épaisseurs plus importantes pour une isolation optimale.
⏱️ Déphasage exceptionnel Offrir 37 minutes de déphasage par centimètre, permettant de maintenir une température stable malgré les variations extérieures.
💧 Régulation hygrométrique Absorber jusqu’à 80% de son poids en humidité sans perdre ses propriétés isolantes, laissant les murs respirer naturellement.
🏗️ Applications recommandées Privilégier la rénovation du bâti ancien avec des épaisseurs adaptées selon l’usage, de 3 cm pour un enduit à 30 cm pour une isolation complète.
🌱 Impact environnemental Présenter un excellent bilan carbone grâce à l’absorption de CO2 pendant la croissance du chanvre, avec une durabilité supérieure à 100 ans.

Comprendre le coefficient thermique du chaux-chanvre

Le coefficient thermique, plus précisément la conductivité thermique (λ), constitue l’indicateur clé pour évaluer les performances isolantes d’un matériau. Pour le chaux-chanvre, cette valeur oscille généralement entre 0,06 et 0,13 W/m.K selon la formulation et la densité du mélange. Cette fourchette place le chaux-chanvre dans une position intermédiaire par rapport à d’autres isolants du marché.

En termes de résistance thermique (R), pour un mélange chaux-chanvre standard, nous obtenons environ 1 m².K/W pour 5 cm d’épaisseur. Pour atteindre des performances satisfaisantes, nous recommandons généralement à nos clients d’opter pour des épaisseurs plus conséquentes. Par exemple, avec 30 cm de chaux-chanvre, vous pouvez obtenir une résistance thermique d’environ 4,61 m².K/W, ce qui devient tout à fait compétitif.

Le coefficient de transmission thermique (U) peut descendre jusqu’à 0,18 W/m² °C pour une épaisseur de 50 cm, ce qui témoigne d’une excellente capacité à limiter les transferts de chaleur. Ces performances, bien que légèrement inférieures à celles des isolants synthétiques plus performants que la laine de verre, sont largement compensées par d’autres qualités que nous allons aborder.

Pour bien comprendre ces chiffres, comparons avec d’autres isolants couramment utilisés. La laine de bois affiche une conductivité d’environ 0,04 W/m.K, ce qui la rend théoriquement plus performante. Toutefois, le chaux-chanvre possède des atouts uniques en matière d’inertie thermique et de gestion de l’humidité qui font toute la différence dans le confort ressenti.

Les propriétés thermiques remarquables du chaux-chanvre

Ce qui distingue véritablement le chaux-chanvre des autres isolants, c’est son **exceptionnel déphasage thermique**. Avec environ 37 minutes par centimètre, ce matériau offre une protection remarquable contre les variations de température. Pour une paroi de 30 cm, le déphasage atteint 18,5 heures, permettant de maintenir une température stable à l’intérieur malgré les fluctuations extérieures.

Nous avons constaté sur nos chantiers que ce **fort déphasage thermique** confère un avantage considérable en été. Alors que la chaleur met près d’une journée entière à traverser une paroi en chaux-chanvre, elle franchit une isolation en laine minérale en seulement 4 à 5 heures. La diffusivité thermique du chaux-chanvre est environ trois fois plus lente que celle du béton armé, ce qui explique pourquoi les maisons ainsi isolées restent naturellement fraîches pendant les périodes de canicule.

À cela s’ajoute une **excellente régulation hygrométrique**. Le chaux-chanvre peut absorber jusqu’à 80% de son poids en humidité sans perdre ses propriétés isolantes. Cette caractéristique est particulièrement appréciable dans les régions à fort taux d’humidité comme la Gironde, où nous intervenons régulièrement. La perméabilité à la vapeur d’eau, avec un coefficient μ entre 2 et 4, est bien supérieure à celle du polystyrène (μ entre 20 et 100), ce qui permet aux murs de « respirer » naturellement.

Les propriétés acoustiques ne sont pas en reste, avec un affaiblissement sonore de 50 à 59 dB pour des épaisseurs de 10 à 30 cm. Cette performance complémentaire fait du chaux-chanvre une solution complète pour améliorer le confort global de l’habitat, au-delà du simple aspect thermique.

Quel est le coefficient thermique de l’isolation chaux chanvre ?

Applications et mise en œuvre optimales

L’utilisation du chaux-chanvre varie selon les besoins spécifiques de chaque projet. Pour un enduit correcteur thermique, nous préconisons une épaisseur de 3 à 6 cm. En revanche, pour un doublage intérieur plus performant, il faudra compter entre 8 et 15 cm. Lorsque nous réalisons une isolation complète en blocs, 30 cm représentent généralement l’épaisseur idéale pour conjuguer performance et faisabilité technique.

La composition typique que nous utilisons comprend 15-25% de chaux (généralement de la chaux aérienne CL90 ou hydraulique NHL), 65-75% de chanvre (chènevotte) et 10-15% d’eau. Ce mélange peut être appliqué manuellement à la truelle, par projection mécanique, ou en banchage selon la configuration du chantier. L’inconvénient principal reste le temps de séchage, qui peut atteindre 10 à 15 jours par centimètre d’épaisseur.

Les applications les plus pertinentes concernent la **rénovation du bâti ancien** en pierre ou en terre. Le chaux-chanvre s’avère particulièrement adapté à ces constructions car il respecte leur équilibre hygrothermique. Sa capacité à supprimer la sensation de paroi froide grâce à son effusivité en fait un matériau de choix pour améliorer le confort ressenti, même avec une résistance thermique modérée.

Pour ceux qui s’intéressent aux avantages et inconvénients de l’isolation en fibre de bois, sachez que le chaux-chanvre offre une alternative complémentaire qui peut être associée à d’autres matériaux biosourcés pour obtenir une performance optimale.

Impact environnemental et durabilité du chaux-chanvre

L’un des arguments majeurs en faveur du chaux-chanvre reste son **excellent bilan carbone**. Le chanvre absorbe plus de CO2 pendant sa croissance qu’il n’en est émis lors de sa transformation et de sa mise en œuvre. Cette plante, longtemps mal-aimée, est aujourd’hui reconnue pour ses qualités écologiques exceptionnelles, comme le confirment de nombreux experts en urbanisme qui considèrent le chanvre comme un excellent isolant.

La durabilité n’est pas en reste, avec une durée de vie estimée à plus de 100 ans dans des conditions normales. Contrairement à certains isolants synthétiques qui se tassent ou se dégradent avec le temps, le chaux-chanvre maintient ses performances sur le long terme. Cette pérennité en fait un investissement particulièrement judicieux dans une perspective de développement durable.

Nous constatons régulièrement que les bâtiments isolés avec ce matériau offrent un confort thermique remarquable tout au long de l’année, avec des économies d’énergie substantielles à la clé. Si son coefficient thermique peut paraître modeste comparé aux isolants industriels, la somme de ses qualités en fait une solution d’isolation globalement performante et particulièrement adaptée aux exigences actuelles de la transition énergétique.

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Didier
Je suis Didier, directeur de publication et auteur principal du blog professionnel d’Isol’R, avec plus de 20 ans d’expérience dans le secteur du bâtiment, spécialisé dans l’isolation thermique écologique. Basé à Ambarès‑et‑Lagrave (33), je couvre personnellement les départements Gironde, Charente, Charente‑Maritime, Dordogne, Landes et Lot‑et‑Garonne

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