Le couperet est tombé, bouleversant la vie de nombreux Marseillais : les galeries Lafayette de Marseille, présentes au Centre Bourse et au Prado Shopping, vont définitivement fermer leurs portes d’ici fin novembre 2025. Cette fermeture de magasins retentit comme un séisme dans la ville, où l’enseigne française, installée depuis 1901, symbolisait bien plus qu’un simple lieu de shopping. Face à des difficultés économiques persistantes, avec 10 millions d’euros de pertes annuelles malgré 30 millions investis en dix ans, et une baisse continue de la fréquentation, même les efforts colossaux n’ont pu enrayer le déclin.
Derrière les vitrines qui ont fait rêver tant de générations, ce sont aussi des histoires humaines, des souvenirs collectifs et tout un pan de l’histoire locale marseillaise qui s’effacent. L’annonce a été un choc pour les 145 salariés concernés ainsi que pour les habitants attachés à cette institution. De l’effervescence des soldes aux décorations féériques des fêtes, tout va bientôt disparaître, laissant place à une profonde nostalgie.
Pourquoi la fermeture des galeries Lafayette suscite-t-elle autant d’émotions ?
Pour beaucoup, voir partir ce pilier du centre-ville suscite une vive émotion. Les galeries lafayette n’étaient pas seulement un commerce ; elles représentaient un repère emblématique pour plusieurs générations, un lieu de rendez-vous familial ou encore une étape incontournable lors des achats festifs. Quand une telle institution locale disparaît, c’est tout le tissu urbain qui vacille.
L’inquiétude dépasse ici la perte d’une adresse aimée : elle touche à la mémoire collective. Depuis plus d’un siècle, cette enseigne mythique incarnait la vitalité commerçante de Marseille, participant activement à son identité. La disparition d’enseigne marque donc la fin d’une époque, celle où le grand magasin était synonyme d’élégance et d’animation citadine.
Une mosaïque de souvenirs pour les habitants
Nombreux sont ceux qui évoquent avec émotion leurs souvenirs d’enfance passés dans ces allées lumineuses ou devant les vitrines décorées chaque saison. Pour beaucoup, la fermeture de magasins de cette ampleur revient à dire adieu à des repères affectifs précieux : premiers salaires dépensés, événements familiaux célébrés ou simples flâneries entre amis. Chaque visite aux galeries lafayette s’inscrivait dans la trame de leur histoire personnelle.
De telles fermetures ne sont malheureusement pas isolées dans le paysage commercial français, comme en témoigne la récente annonce concernant la fermeture progressive de certaines enseignes de prêt-à-porter emblématiques. Au fil du temps, l’institution française avait su se réinventer grâce à des animations culturelles, expositions temporaires ou dégustations, contribuant ainsi au dynamisme du centre-ville. Sa disparition laisse un vide difficile à combler tant sur le plan humain que culturel.
L’effet domino sur la ville et ses salariés
Ce bouleversement ne concerne pas seulement la nostalgie, il impacte aussi directement l’emploi. Au total, ce sont 145 salariés directs et près de 100 emplois indirects (sécurité, nettoyage, démonstration) qui dépendent de cette enseigne historique. L’impact économique local s’annonce donc considérable, accentuant l’inquiétude des salariés déjà confrontés à une crise économique sévère.
Si l’on observe la tendance actuelle, il semble clair que la fermeture de grandes institutions frappe d’autres secteurs : des banques historiques ferment également dans de nombreuses grandes villes françaises, contribuant à transformer profondément le paysage urbain et à intensifier les incertitudes socio-économiques. Dès le 24 janvier, des négociations sociales ont été enclenchées pour proposer un accompagnement personnalisé : reclassement interne, mobilité externe, mais aussi soutien psychologique. Cependant, beaucoup redoutent les bouleversements professionnels et familiaux à venir, alors que la grande liquidation prévue à partir du 15 octobre précédera la fermeture définitive du 29 novembre.
Quelles conséquences pour le commerce marseillais ?
La fermeture prochaine ne concerne pas uniquement l’enseigne elle-même, elle reflète aussi une crise profonde du secteur. La désertification commerciale frappe désormais même les grandes villes, fragilisant les commerces indépendants et l’artisanat local voisins de ces grands magasins historiques. Ce phénomène alimente la crainte d’une vitalité urbaine affaiblie et d’une ville moins vivante.
La suppression des deux adresses majeures du Centre Bourse et du Prado Shopping risque de désorganiser les flux piétonniers, d’affecter la dynamique touristique et de réduire l’attractivité du centre-ville. Si certains rêvent de voir émerger de nouveaux concepts ou projets urbains, rien ne semble pouvoir remplacer totalement le rôle fédérateur joué par cette institution locale.
Un signal fort pour l’évolution du commerce physique
La fermeture des galeries lafayette à Marseille s’inscrit dans une série de disparitions d’acteurs historiques du secteur. Cela interroge sur l’avenir du commerce physique face à la montée du e-commerce. Désormais, attirer les clients exige innovation, expérience et personnalisation. La crise économique n’a fait qu’accélérer cette mutation, poussant à la fermeture des points de vente jugés vulnérables.
Pour les commerçants locaux, l’exemple marseillais nourrit la réflexion : beaucoup craignent un effet boule de neige sur les commerces voisins voire d’autres enseignes du centre-ville, déjà fragilisées par la difficulté à renouveler leur clientèle.
L’attente autour de la grande liquidation
À partir du 15 octobre, toute la ville suivra de près la grande liquidation précédant la fermeture définitive. Entre chasse aux bonnes affaires et émotion partagée, chaque jour verra s’intensifier le sentiment de perdre un symbole collectif. Ce sera un véritable événement médiatique, attirant curieux et habitués désireux d’assister à la dernière danse du magasin centenaire.
L’impact psychologique d’un tel clap de fin est loin d’être négligeable. Disparaîtront bientôt les repères visuels familiers, les échanges chaleureux avec les vendeurs fidèles, et tous ces rituels quotidiens ancrés dans la vie marseillaise. Le paysage urbain perdra alors une figure emblématique.