Démarchage téléphonique : on sait enfin d’où viennent les numéros 01-62, 04-24 et 02-70 qui nous pourrissent la vie

Vous avez sûrement déjà reçu un appel venant d’un numéro commençant par 01 62, 04 24 ou encore 02 70. D’un premier regard, ils semblent tout à fait ordinaires et inspirent confiance car leur format rappelle celui des lignes fixes classiques. Pourtant, derrière ces appels se cachent souvent des pratiques de démarchage téléphonique très envahissantes, au point de parfois frôler le harcèlement téléphonique. Beaucoup de personnes cherchent à comprendre qui se cache réellement derrière ces fameux numéros et comment il est possible qu’ils soient autant sollicités malgré la réglementation.

Entre usurpation de numéro, arnaque téléphonique et explosion des centres d’appels étrangers, la réalité derrière cette vague d’appels commerciaux n’a rien d’anodin. Aujourd’hui, les particuliers ne savent plus comment faire la distinction entre un appel sérieux et une tentative de démarchage déguisée, voire d’arnaque malveillante.

Pourquoi voit-on autant de numéros débutant par 01 62, 04 24, 02 70 ?

De manière générale, un numéro qui commence par 01, 02, 03, 04 ou 05 est censé appartenir à une ligne fixe géographique française. Par exemple, 01 cible normalement l’Île-de-France, 02 le Nord-Ouest, et ainsi de suite. Pourtant, depuis l’arrivée des NPV (numéros polyvalents vérifiés), le paysage s’est complexifié et rendu moins lisible pour le consommateur.

L’Arcep, l’autorité qui régule les télécommunications en France, attribue désormais de larges plages de numéros aux opérateurs, qui peuvent ensuite les louer à différents clients professionnels. Ces blocs de numéros, comme ceux commençant par 01 62, 04 24 ou 02 70, se retrouvent massivement entre les mains de sociétés spécialisées dans le démarchage téléphonique. Un même call center peut ainsi posséder des dizaines de combinaisons différentes avec des préfixes locaux alors qu’il n’a aucune présence physique dans la région concernée.

Comment fonctionnent les numéros polyvalents vérifiés (NPV) attribués par l’Arcep ?

À qui sont loués ces numéros ?

Les opérateurs obtiennent des tranches de NPV après validation par l’Arcep. Ensuite, ils mettent ces numéros à disposition de leurs clients, généralement des entreprises fournissant des services de centre d’appel ou du routage d’appels VoIP. Chaque interlocuteur peut donc utiliser officiellement plusieurs numéros, rendant la traçabilité de l’origine de l’appel bien plus complexe.

Le phénomène s’est amplifié avec l’émergence de petits opérateurs situés à l’étranger, particulièrement en Europe de l’Est, au Maghreb ou au Proche-Orient. Des structures comme Kav El ou Oxilog, parfois à la fiabilité discutable, commercialisent à grande échelle des blocs de NPV à tout type de client, sans toujours s’assurer du respect des règles françaises sur le démarchage téléphonique. Pour mieux comprendre l’origine de certains préfixes, il convient de rappeler que les numéros commençant par 09-48 et 01-62 sont attribués spécifiquement pour le démarchage téléphonique.

Quelles sont les obligations légales pour ces numéros ?

Normalement, l’usage de ces numéros polyvalents doit respecter des conditions précises imposées par la loi : horaires autorisés pour les appels commerciaux, identification transparente de l’appelant, interdiction stricte du démarchage dans certains secteurs protégés comme la rénovation énergétique ou la formation. Il reste malgré tout beaucoup de failles dans le dispositif.

De nombreuses entreprises n’hésitent pas à court-circuiter la législation en faisant passer leurs appels via de multiples plateformes VoIP installées hors de France, utilisant parfois la technique du spoofing pour usurper délibérément des numéros légitimes. Ce contournement rend l’identification et la protection contre les appels indésirables encore plus compliquées pour les victimes.

Démarchage téléphonique et robot d’appel : la stratégie des call centers étrangers

Où sont localisés les principaux centres d’appel exploitant ces numéros ?

On retrouve aujourd’hui un grand nombre de plateformes situées en Tunisie, au Maroc ou encore en Israël. Grâce à la technologie VoIP, ces établissements peuvent facilement générer des flux massifs d’appels sortants affichant un préfixe français pourtant factice sur l’écran du destinataire.

Ces centres d’appel spécialisés exploitent la flexibilité des NPV pour varier constamment les numéros affichés et contourner les filtres anti-spam. Cela explique pourquoi certains abonnés constatent une avalanche de tentatives rapprochées, toutes issues d’une nouvelle combinaison légèrement différente mais appartenant au même « pool » de numéros provisoires.

Comment opèrent-ils pour contourner les protections ?

La plupart de ces sociétés emploient des logiciels automatisés – robot d’appel ou système prédictif – pour maximiser le nombre de conversations tout en changeant fréquemment d’identité fictive. Concrètement, dès qu’un numéro spécifique est signalé ou blacklisté par un service antispam, un autre prend aussitôt le relais, rendant toute suppression efficace quasi impossible.

Dans certains cas, ces plateformes vont jusqu’à opérer via des lignes remplaçantes usurpées, c’est-à-dire l’usurpation de numéro. Le destinataire pense alors être contacté par une entreprise ou une administration connue, alors que l’appel provient en réalité d’opérateurs peu scrupuleux n’ayant aucun lien avec l’entité affichée.

Quels risques derrière ces appels : arnaque téléphonique et harcèlement organisé ?

Derrière l’apparence anodine d’un simple appel local, il subsiste de réels dangers pour les consommateurs. Bien au-delà du simple désagrément, certaines campagnes visent à piéger les particuliers par le biais d’une arnaque téléphonique sophistiquée, profitant de l’effet de surprise et de la crédulité de la victime ciblée.

Se faire passer pour des conseillers bancaires, agents de fournisseurs d’énergie ou organismes publics dans le but d’obtenir des coordonnées sensibles ou d’inciter à un paiement frauduleux reste monnaie courante. L’enjeu pour ces escrocs est évident : profiter du climat anxiogène créé par la multiplication des appels pour tromper et manipuler en masse.

Réagir face aux numéros suspects : outils et astuces pour la protection contre les appels indésirables

Quelles solutions techniques contre le démarchage abusif ?

Face à la recrudescence de ce phénomène, plusieurs options existent afin de limiter la gêne occasionnée. La première étape consiste généralement à inscrire son numéro sur des listes d’opposition au démarchage (par exemple Bloctel). Certaines applications mobiles permettent aussi de détecter automatiquement les numéros suspects signalés par la communauté, coupant l’appel avant même qu’il ne soit présenté à l’utilisateur.

Voici quelques réflexes utiles à adopter pour gagner en sérénité :

  • Activer systématiquement le mode « identification de l’appelant » sur le téléphone
  • Installer une application spécialisée pour filtrer les appels indésirables
  • Refuser de rappeler un numéro inconnu ayant laissé un message trop vague
  • Effectuer un signalement de numéros inhabituels auprès des autorités compétentes ou sur des sites dédiés
  • Informer régulièrement les proches, notamment les personnes âgées, des dangers liés à ces pratiques

Même si ces méthodes n’éliminent pas complètement les appels commerciaux intempestifs, elles contribuent à réduire leur fréquence et leur impact sur le quotidien. Par ailleurs, il existe des astuces verbales éprouvées permettant de mettre fin rapidement à une sollicitation non désirée : demandez simplement à ce que votre numéro soit retiré de la liste d’appel. On apprend notamment que prononcer la phrase adéquate peut stopper instantanément la conversation selon l’expérience détaillée sur la méthode “Retirez mon numéro” recommandée dans ces situations.

Que faire lorsqu’on est victime d’escroquerie ?

En cas de doute persistant ou après avoir été victime d’escroquerie liée à un appel suspect, la priorité reste de conserver toutes les informations concernant l’appel (numéro affiché, heure et date, contenu éventuel du message vocal). Une déclaration auprès de la police ou de la gendarmerie permet d’alimenter les procédures d’investigation en cours contre les réseaux organisés.

Pour renforcer la traçabilité, il est également pertinent d’effectuer un signalement officiel via la plateforme destinée à la lutte contre les spams vocaux ou sur le site internet-signalement.gouv.fr. Ainsi, chaque témoignage contribue au renforcement du filet réglementaire et à la mise à l’écart progressive des premiers responsables de ces abus.

L’évolution de la réglementation et ses limites

Malgré toutes ces mesures, certaines sociétés trouvent toujours de nouveaux moyens technologiques pour exploiter légalement – ou illégalement – ces plages de numéros polyvalents vérifiés. La répression peine à suivre la créativité des fraudeurs qui évoluent sans cesse avec les avancées du numérique.

Un contrôle renforcé de l’attribution des plages de numérotation, le développement continu des outils d’authentification, et la coopération internationale constituent des pistes majeures pour mieux cerner l’ampleur du problème. Pour le moment, vigilance et partage d’informations restent les meilleures armes à disposition pour limiter la propagation de ce fléau.

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